Je me sens tellement chanceuse…
J’ai une famille qui est encore en bonne santé, une maison à la campagne avec un jardin et tout ce qu’il me faut pour être maîtresse d’école.
J’ai tout ce dont j’ai besoin.
Je ne peux m’empêcher de penser à ce gouffre entre ce que je vis ici et ce qui se passe là bas, là où les gens prennent le risque chaque jour d’être ou de transmettre à leurs proches, décident de l’impensable.
Je ne regarde pas les informations, je prends connaissance un peu, juste pour savoir. Je couds, beaucoup pour les autres en dehors de mes heures d’école (des masques, des calots, les demandes affluent de tous les côtés). Deux tiers du temps pour mes enfants, un tiers pour mes nombreux élèves. Un petit mot gentil, la vidéo d’une histoire que je leur lis, des activités avec les moyens du bord, des échanges avec les collègues. Je ne m’ennuie pas, je suis même très occupée. Les repas, les tâches ménagères et moi et moi et moi dans tout ça ? Et bien j’essaie de me garder un peu de temps pour respirer, pour méditer.
Il y a maintenant un tout petit peu plus d’un mois, ma mamie Jeanne et partie rejoindre mon pépère Fernand. J’ai eu la chance de lui dire au revoir pour de vrai. Je pense souvent à elle, à son amour de la terre, à son jardin impeccable. Je mange ses mirabelles dans des tartes et je bichonne son Saint Paulia. Ce temps suspendu me permet d’infuser tout ça.
C’est très étrange ce que nous vivons.
Mais je suis confortée dans mon mode de vie simple et local. Mon besoin viscéral de faire quelque chose pour les autres même si ce n’est qu’une goutte d’eau dans un océan en pleine tempête.
Et vous, comment allez-vous ?